Dans les traditions égyptiennes et dans la vie quotidienne de nombreux produits naturels sont utilisés et ils se trouvent souvent chez les marchands d’épices.
La gamme de ces épices est très variée. Les plus populaires sont le poivre (filfil), le cumin (kammoun), le piment (chatta) et la coriandre (qousbara).
Mais il existe encore de nombreux autres produits qui entrent dans le domaine des épices. En voici quelques-uns avec leurs noms en arabe:
La filipendule (qandoul) qui est aussi l’asphodèle (dâr chichaân), le cassis ou acacia farnesiana (fatnah), la cannelle de Chine (salikhah), la simple cannelle ou cinamomum (quirfah), le cardamome (hamâmâ), la figue d’éléphant (tîn el-fil), le calamus odorant (qasab el-dharîrah), le costus (qosit), le santal blanc (santal abiad), le girofle (qurunfil), le gingembre sauvage (zarounbâd), le camphre (kafour), la noix de muscade (gouzât), la lavande (khouzami), le macis (basabâsah ou dâr-kîsah), le storax blanc (mî’ah), la cannelle giroflée ou crocus (za’farân), la galanga (khilâg ou khilangân), le succus lycii (khoulân) et le baume (balsam).
Il y aurait encore beaucoup d’autres noms à citer dans cette brève nomenclature qui entrent dans le domaine des épices, comme le bambou persan, les grains de sinopis, le goudron végétal, l’arbre de Marie (cyclamine), etc...
La liturgie copte utilise de nombreux produits pour la confection du saint chrême (le myron) et des huiles saintes, ainsi que pour l’ensevelissement du Christ au soir du Vendredi saint. Ces produits sont alors mélangés avec de l’encens et des pétales de roses.
Les aromates pour l’ensevelissement du Christ comportent de la myrrhe, du storax, de la cannelle de Chine, de l’acore odorant ou calamus, de la cardamome, des roses, de la muscade, des girofles, de la cannelle de Ceylan, de la pivoine, du nard et de la lavande. Le tout est concassé et mélangé avec de l’encens et des pétales de roses.
C’est encore pendant cette Semaine Sainte que sont confectionnés le myron (saint chrême) et les huiles saintes, avec différents produits odoriférants, et en trois coctions successives. Tous ces produits servaient à confectionner les huiles parfumées, pour en oindre les statues des dieux dans les temples de l’Egypte ancienne.
Il y a encore les “yamiche Ramadan” revenant chaque année quelques jours avant le commencement du mois de Ramadan.
Ces “yamiche” forment une longue liste de noms, tous plus alléchants les uns que les autres comme la kounafa, la basboussa, les katayefs, la balah el-cham et les fameux “yamiche Ramadan” avec les pois chiches, les arachides, les amandes, les noix, les noix de coco, les noisettes, les dattes sèches, les raisins de Corinthe, la pâte d’abricots, etc... A tout cela, il faut encore ajouter les produits qui entrent dans la confection de la kounafa et les douceurs de ce mois de ramadan comme le sésame, la noix de coco, la muscade, la cannelle de Chine, la cannelle giroflée, le safran, la vanille, etc...
Les vitrines des pâtisseries et des confiseurs présentent une extraordinaire variété de produits qui se retrouvent encore, du moins en partie, lors des célébrations du Mouled El-Nabi (la naissance du Prophète), des fêtes de Noël et du Nouvel An.
Parmi les délices du mois de Ramadan, il existe aussi la homosseïa, une pâte aux pois chiches, la simsimeïa, une pâte aux graines de sésame, l’akrass bil-foul, une pâte aux arachides, l’alaf bil-loz, un gâteau farci d’amandes, la maqsousa bil-foul, un gâteau d’arachides, et toutes sortes de malban, de harissa et de gâteaux dont les recettes restent les secrets des pâtissiers qui se les transmettent de père en fils.
Des produits naturels sont encore utilisés pour les rites familiaux du septième jour après la naissance.
Un vase est rempli de sel mélangé avec sept produits de la terre: du “foul”, du maïs, du blé, de la “loubia” (petit haricot blanc), de la “helba” (sorte de fenouil grec), du “termès” (lupin) et du haricot blanc. Certains ajoutent du riz.
Dans les familles paysannes, le père de l’enfant ira semer une partie de ces graines dans ses champs pour assurer la fertilité de ses terres et la bonne croissance de son enfant. Une petite quantité de ce mélange et enfermée dans un sachet qui est épinglé dans les vêtements de l’enfant et le reste des graines est répandu dans la maison au cours de la cérémonie.
Parmi les produits de la terre les plus populaires il faut placer la colocase. Elle a de grandes et larges feuilles et c’est sa racine, en forme de gros tubercule, qui est comestible.
Prosper Alpin, dans son livre sur les plantes d’Egypte, décrit ainsi cette plante: “Elle se présente avec des feuilles de nénuphar, plus longues que celles de l’arum, sans pédoncule, ni fleur, ni fruit. Sa racine est grande, épaisse, semblable aux racines de squine. Son goût est amer, âcre, légèrement visqueux; une fois cuite, elle s’adoucit”.
Il faut remarquer ici que la squine, ou esquine, est pourvue de quelques aiguillons avec des feuilles inermes et des fleurs en ombelles. Le fruit de la squine est une baie et son rhizome est antirhumatismal.
Pendant les mois d’hiver, la colocase se vend sur tous les marchés de légumes. Elle est entassée sur les étages des marchands en attendant les ménagères qui viennent les tapoter et les soulever avant d’en acheter quelques kilos. Ce tubercule se vend toujours sans ses feuilles qui sont plantées par les paysans en vue d’une prochaine récolte.
Pour certains, la colocase est utilisée comme aphrodisiaque, mais le procédé d’utilisation n’est révélé qu’à des initiés. La colocase peut être encore utilisée comme plante d’ornement tant ses feuilles sont belles.
Depuis combien de temps la colocase existe-t-elle en Egypte? Il est difficile de le dire et certains historiens avancent l’époque ptolémaïque. Toutefois, ce tubercule est entré dans les traditions de la cuisine populaire égyptienne et il fait partie de certaines fêtes, comme celle de l’Epiphanie chez les Coptes, avec la canne à sucre.
A tout cela, il faut ajouter certaines plantes médicinales très efficaces pour la santé et en voici quelques unes.
La mélisse est une herbe souveraine pour la plupart des maux, c’est un tonique et un antispasmodique.
La sauge agit contre les crises d’asthme et les coups de cafard.
La primevère est efficace dans les affections des voies respiratoires et favorise l’expectoration.
Le fenouil est un antispasmodique et il stimule l’estomac et l’intestin.
L’angélique, dont l’arôme délicat est unique, est un stimulant de l’appareil digestif.
Le girofle, très appréciée en Chine, est un antiseptique puissant.
Le muguet renferme une substance qui ralentit et renforce les battements du cœur.
La coriandre combat l’aérophagie, les spasmes et les douleurs.
La gentiane est une plante comptant des centaines d’espèces. Elle est stimulante, fébrifuge et apéritive.
La lavande est douée des vertus antispasmodique, elle calme, par exemple, les quintes de toux.
L’armoise calme les spasmes nerveux et stimule l’appétit.
Le thym est un stimulant général calmant l’anxiété, régularisant le pouls et augmentant le tonus.
La sarriette est un stimulant physique et psychique, elle aide les digestions difficiles.
La camomille est un antispasmodique et un fébrifuge. Elle facilite la digestion et permet de bien dormir la nuit.